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Pour la dignité au Trésor
Salut les Bisontins
, Pour parler d'autre chose, savez-vous qui se déplace au Trésor public ? Qui consent à y laisser une après-midi ?
Les nantis se contentent d'envoyer leurs paiements par la Poste; les moins nantis s'en acquittent rapidement au guichet.
Qui reste là à attendre qu'un(e) employé(e) daigne bien le recevoir ? Qui patiente si longtemps avant de pouvoir poser son problème ? Ce sont justement - et tout bêtement - les gens qui ont des problèmes de solvabilité, comme on dit si bien dans ces bureaux si vastes.
En clair, ceux qui sont fauchés, dans la mer... Vous savez le supplice qu'on leur inflige ! On les reçoit dans un coin exposé, à l'entrée du local, à deux pas (je dis bien 2) du coin d'attente, sans le moindre espoir d'une feuille de vigne, d'un cache-misère, de confidentialité, selon le terme consacré en ces lieux si tranquilles.
Le malheureux usager est contraint, après l'humiliante attente, de décliner les raisons de ses difficultés de paiement (loyer, cantine, pension...). Etant séparé de la personne d'en face par une épaisse vitre, il est obligé de hausser la voix pour se faire entendre, face à l'employé(e) qui n'hésite pas à lui reposer les questions dont les réponses le gênent et qu'il balbutie à peine pour ménager sa pudeur malmenée, son amour-propre jeté en pâture au public.
Comme je suis passé par ce supplice, je peux vous dire qu'il m'est arrivé de me rendre compte, en plein hiver et seulement après m'être éloigné de ce lieu détestable, que j'étouffais de chaleur et que j'étais tout en sueur. Comme j'attendais mon tour pour être reçu, j'ai également assisté à des scènes où la personne bégayait, s'emmêlait dans son propos en jetant un regard pitoyable -presque terrorisé- vers le coin d'attente pour voir qui pouvait l'écouter en même temps que la préposée du Trésor.
La scène avait quelque chose d'atroce, d'insoutenable. L'homme passait nerveusement la main dans ses cheveux, affectait d’être détendu et s’efforçait de maintenir un regard lointain. Mais quand il ne parvenait plus à réprimer le besoin de regarder en direction des usagers en attente, il semblait supplier pour qu'on se bouchât les oreilles, pour qu'on ne fût plus là à ce moment-là ou pour que la terre l'engloutît.
Il eût souhaité devenir invisible pour se soustraire au regard curieux et cynique de ces "étrangers" qui lui semblaient se délecter de ses déboires professionnels, familiaux et/ou financiers, ainsi confessés sur la place publique.
Morceau choisi : Ambiance : -« Mais depuis quand vous avez perdu votre emploi ? - ( …) - Alors dès que vous aurez l’accord pour le RMI, vous viendrez me voir et on verra pour le plan d’apurement. Mais veillez à ce que votre dette de loyer n’augmente pas. Faites même un petit versement… - (!!!) Mais même, Monsieur, même avec la pension de votre ex-femme, vous devez régler votre loyer… Au Trésor, lieu où l'Etat gère une bonne partie de la « misère du monde », comment peut-on tolérer pareille situation ? Comment se permet-on de configurer l'espace de façon à exposer au public la nudité des plus fragiles et des plus démunis ?
Comment cet organisme peut-il prévoir un bureau - largement sous-employé, d'après ce que j'ai pu observer - réservé au conseiller, donc aux nantis, alors que les autres sont reçus dans un espace carrément commun ? Il y a là un scandale qui doit cesser.
Le Trésor et son autorité de tutelle devraient oeuvrer à la sauvegarde de la dignité humaine des gens que la vie - et le libéralisme à tout va - n'ont pas gâtés.
Article soumis par B.K. que nous publions intégralement.
, Pour parler d'autre chose, savez-vous qui se déplace au Trésor public ? Qui consent à y laisser une après-midi ?
Les nantis se contentent d'envoyer leurs paiements par la Poste; les moins nantis s'en acquittent rapidement au guichet.
Qui reste là à attendre qu'un(e) employé(e) daigne bien le recevoir ? Qui patiente si longtemps avant de pouvoir poser son problème ? Ce sont justement - et tout bêtement - les gens qui ont des problèmes de solvabilité, comme on dit si bien dans ces bureaux si vastes.
En clair, ceux qui sont fauchés, dans la mer... Vous savez le supplice qu'on leur inflige ! On les reçoit dans un coin exposé, à l'entrée du local, à deux pas (je dis bien 2) du coin d'attente, sans le moindre espoir d'une feuille de vigne, d'un cache-misère, de confidentialité, selon le terme consacré en ces lieux si tranquilles.
Le malheureux usager est contraint, après l'humiliante attente, de décliner les raisons de ses difficultés de paiement (loyer, cantine, pension...). Etant séparé de la personne d'en face par une épaisse vitre, il est obligé de hausser la voix pour se faire entendre, face à l'employé(e) qui n'hésite pas à lui reposer les questions dont les réponses le gênent et qu'il balbutie à peine pour ménager sa pudeur malmenée, son amour-propre jeté en pâture au public.
Comme je suis passé par ce supplice, je peux vous dire qu'il m'est arrivé de me rendre compte, en plein hiver et seulement après m'être éloigné de ce lieu détestable, que j'étouffais de chaleur et que j'étais tout en sueur. Comme j'attendais mon tour pour être reçu, j'ai également assisté à des scènes où la personne bégayait, s'emmêlait dans son propos en jetant un regard pitoyable -presque terrorisé- vers le coin d'attente pour voir qui pouvait l'écouter en même temps que la préposée du Trésor.
La scène avait quelque chose d'atroce, d'insoutenable. L'homme passait nerveusement la main dans ses cheveux, affectait d’être détendu et s’efforçait de maintenir un regard lointain. Mais quand il ne parvenait plus à réprimer le besoin de regarder en direction des usagers en attente, il semblait supplier pour qu'on se bouchât les oreilles, pour qu'on ne fût plus là à ce moment-là ou pour que la terre l'engloutît.
Il eût souhaité devenir invisible pour se soustraire au regard curieux et cynique de ces "étrangers" qui lui semblaient se délecter de ses déboires professionnels, familiaux et/ou financiers, ainsi confessés sur la place publique.
Morceau choisi : Ambiance : -« Mais depuis quand vous avez perdu votre emploi ? - ( …) - Alors dès que vous aurez l’accord pour le RMI, vous viendrez me voir et on verra pour le plan d’apurement. Mais veillez à ce que votre dette de loyer n’augmente pas. Faites même un petit versement… - (!!!) Mais même, Monsieur, même avec la pension de votre ex-femme, vous devez régler votre loyer… Au Trésor, lieu où l'Etat gère une bonne partie de la « misère du monde », comment peut-on tolérer pareille situation ? Comment se permet-on de configurer l'espace de façon à exposer au public la nudité des plus fragiles et des plus démunis ?
Comment cet organisme peut-il prévoir un bureau - largement sous-employé, d'après ce que j'ai pu observer - réservé au conseiller, donc aux nantis, alors que les autres sont reçus dans un espace carrément commun ? Il y a là un scandale qui doit cesser.
Le Trésor et son autorité de tutelle devraient oeuvrer à la sauvegarde de la dignité humaine des gens que la vie - et le libéralisme à tout va - n'ont pas gâtés.
Article soumis par B.K. que nous publions intégralement.
Publié le lundi 22 août 2005 à 16h24
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